Ophélie CLAUDE-BOXBERGER

Après un 10km record à Nice en 33’44 qui aurait dû me redonner de l’énergie et l’envie de plus belle de repartir à l’entraînement, une intoxication alimentaire m’a cloué au lit pendant plusieurs jours, me privant de toutes forces. Mais la vie nous joue parfois des tours et en cette fin de semaine de janvier après avoir repris des couleurs mon corps me lâcha lors d’un footing. Rien d’alarmant cependant… une simple gène sur le tendon d’Achille droit, je n’y prête guère attention, tout sportif de haut niveau connaît ce genre de petite douleur qui passe généralement au bout de quelques jours. Je repars donc de plus belle à l’entraînement enchaînant les kilomètres et les séances en vue de la saison en salle qui s’annonce brillante au vu des chronos réalisés lors des entraînements. La gène est toujours là mais rien de méchant, des séances avec mon kiné d’ultrasons et des massages pour traiter le problème…

La première compétition en salle arrive, le meeting de Vienne sur 1500m. Tout se passe bien, je m’accroche en tête de course sans vraiment avoir de sensation et à l’arrivée, la joie d’établir un nouveau record en 4’14’’43 qui me permet de courir à Karlsuhe quatre jours plus tard en 4’13’’23 avec encore une marge importante. Mais la joie après ces records est de courte durée, le footing de récupération quelques minutes après les courses se fait dans la douleur, mon tendon à dû mal à encaisser ce rythme qui m’était jusque là inconnu. La suite sera beaucoup plus compliquée, je suis obligée de serrer les dents sur chaque séance mais je ne veux pas abandonner car je sens que je peux encore aller beaucoup plus vite sur 1500m et je me laisse prendre par cette envie de continuer encore cette belle saison hivernale, en espérant me qualifier aux championnats du monde en salle à Sopot après avoir réalisé les minima fixés par la fédération internationale (4’14) mais pas ceux de la FFA (4’12).

Les championnats de France se passent comme prévu malgré la douleur, je gagne facilement en gérant la course pour remporter mon premier titre de championne de France élite en salle. A ce moment je suis dans l’attente de savoir ce que le comité de sélection décidera. Ayant reçu le suivi médical de la fédération pour Sopot quelques jours plus tôt, j’essaie de m’accrocher à ce rêve de pouvoir me confronter aux meilleures mondiales en Pologne. Je rêve d’une finale mondiale, de records, je sais que je peux aller beaucoup plus vite… car même si mon tendon est de plus en plus douloureux, la motivation d’aller encore plus loin est intacte et l’adrénaline couvre une grande partie de ce que je ressens. La joie sera de courte durée, la sélection définitive sort et je ne suis pas dedans, seulement sept athlètes partiront défendre leur chance dans le plus grand événement planétaire pour l’athlétisme en salle. La déception achève alors mon corps, je tombe malade deux jours après les championnats de France, je n’ai plus d’envie, plus de motivation.

Je décide cependant de courir les championnats de France de cross au Pontet après avoir tout gagné en cross lors de l’hiver (départementaux, régionaux, pré France.) J’ai de réelles chances d’aller décrocher le titre tout comme Clémence Calvin, cela promet une belle course. Mais rien ne se passera comme prévu, avec la maladie, la douleur au tendon et la déception je n’ai plus le courage de me battre, je suis décrochée dès le début, je termine 45ème, loin, très loin de mon niveau.

Une coupure semble évidente. Après quelques jours en montagne, loin des pistes (d’athlétisme en tout cas), je décide de reprendre, je ne sens plus la douleur de mon tendon d’Achille, je pense donc que je peux repartir pour préparer la saison estivale où l’objectif et de courir aux championnat d’Europe de Zurich sur 1500m ou 3000m steeple, distances que j’ai préparé depuis septembre 2013.

Mais là encore gros coup dur, lors du premier footing de reprise début mars, c’est l’incompréhension la douleur n’est plus supportable, je finis quand même l’entraînement en boitant, je suis dégoûtée, je ne peux envisager de ne pas courir c’est vital pour moi de mettre les baskets chaque matin, chaque soir … Une IRM est programmée en urgence le lendemain matin, je ne peux plus marcher ni même bouger le pied, je crains une rupture. Le diagnostique révélera une inflammation de la graisse du pied sur 10 cm, une bursite achilléenne et un œdème profond au milieu du tendon d’Achille, les tissus ne peuvent plus glisser ce qui provoque cette douleur atroce. La coupure sera longue pour réduire l’inflammation, elle va me paraître interminable et mon moral me tire encore plus vers le bas. Pour améliorer la guérison je passerai trois semaines au centre de rééducation de Cap-Breton. Après cinq semaines de coupure la douleur était toujours présente. C’est pourquoi j’ai pris la décision de reprendre l’entraînement à Ifrane avec le groupe de Lille d’Irba Lakhal, mon envie de reprendre et de retrouver mon niveau m’a poussée à courir sur des douleurs quasi-insupportables. Après chaque footing, le tendon gonflait et craquait, je ne pouvais plus marcher. Il fallait que je le masse en permanence pour qu’il retrouve une certaine souplesse et que je puisse repartir. En insistant sur la douleur, mon état de forme se dégradait. Souvent je partais en footing et je devais m’arrêter au bout de 20 minutes, à bout de souffle, épuisée. Les allures n’avaient jamais été aussi catastrophiques, 30 minutes à 10 km/h était un supplice. Mais je ne voulais pas abandonner, au fond de moi il fallait que je poursuive, que je continue, je me disais que le seul combat perdu d’avance est celui auquel on renonce. Mon corps ne voulait plus mais ma tête continuait et ne lâchait pas, en gardant en ligne de mire un seul but, retrouver le plaisir de courir, cette sensation de légèreté et de bien-être après une séance. Je savais que c’était un pari risqué, prendre le risque que mon tendon me lâche complètement en se rompant, mais j’étais persuadé que je pouvais y arriver, m’en sortir par l’entraînement et le travail. Après trois semaines d’acharnement je suis enfin parvenue à courir à 12km/h sur une heure, ce qui fut une petite victoire. Petit à petit, la douleur diminuait tandis que l’entraînement et les allures augmentaient. Je suivais les premiers meetings avec les premières performances tandis que je retrouvais mon niveau de benjamine. Pour rendre service au club, un 3000m dans le dur aux interclubs en 10’20 et deux semaines après 4’33 sur 1500m au meeting de Montbéliard, incontournable pour moi car rendant hommage à mon papa. Je naviguais entre l’envie de tout arrêter et celle de continuer pour essayer de tirer le meilleur de moi-même dans la saison.

Et c’est pourquoi après avoir annoncé arrêter les meetings pour la saison estivale, une envie subite m’a poussé à m’inscrire au dernier moment aux championnats d’Ile de France sur 3000m steeple le 25 juin. Certain diront que c’est une folie, et pourtant c’est ce que j’ai osé réaliser, un 3000m steeple avec un tendon fragile et un œdème non résorbé. A l’arrivée une très bonne surprise, 3ème en 10’24, un chrono satisfaisant synonyme de qualification aux championnats de France élite à Reims du 11 au 13 juillet. Après avoir été championne de France sur 1500m, beaucoup de personnes ont critiqué ce choix, me traitant d’inconsciente de mettre en danger mon tendon pour aller chercher une qualification aux championnats de France, avec un état de forme ne me permettant pas sur le papier d’aller chercher le podium.

Après avoir vécu toutes ces galères et réussi à sortir du trou, chaque pas en avant est une victoire et être présente aux championnats de France dans quelques jours malgré la gène toujours présente en est déjà une énorme pour moi…

Comme disait Jean-Claude Killy « pour gagner il faut risquer de perdre ».

Ophélie

Grâce à mon chrono réalisé à Vienne, j'ai pu être invitée à participer au meeting IAAF de Karlsruhe, l'un des plus grands meetings mondiaux se déroulant au milieu de 4500 spectacteurs passionnés d'athlétisme. Face à des adversaires qui seront toutes présentes à Sopot dans quelques semaines pour les championnats du Monde, j'ai réalisé une belle course sur ce 1500m.

Bien entendu je n'ai qu'entrevu la nouvelle recordwoman du monde Genzebe Dibaba, mais j'ai réussi à tenir le rythme imposé par les autres concurrentes pendant 1000m avant de manquer de lucidité et décrocher légèrement. A ce niveau, un petit moment d'inattention ne pardonne pas. Je termine donc ma course en 4'13"23, nouveau record personnel, minima IAAF pour les championnats du monde auxquels je ne pourrai donc pas participer, la FFA ayant imposé de réaliser 4'12"00.

Peu importe, je reste concentrée sur l'été et de beaux objectifs m'attendent en cette période de préparation : les championnats de France Elite en salle et les cross (régionaux à Vesoul, 1/2 finale à St-Nabord et championnats de France au Pontet)

Merci à tous pour votre soutien au cours de cette semaine riche en émotions !

Les résultats :

1 DIBABA, Genzebe ETH WR 3:55.17

2 CICHOCKA, Angelika POL 4:08.15

3 EMBAYE, Axumawit ETH PB 4:08.88

4 MAGNANI, Margherita ITA PB 4:09.27

5 BRONIATOWSKA, Katarzyna POL PB 4:11.42

6 MACIAS, Isabel ESP 4:12.06

7 CLAUDE-BOXBERGER, Ophelie FRA PB 4:13.23

8 KOBELEVA, Elena RUS PB 4:13.42

ROMAN, Sonja SLO aufg.

L'indoor Classic Vienna, mon premier meeting en salle cette année, marquait une nouvelle étape dans ma préparation. Je m'alignais pour la première fois sur un 1500m en salle.

Dans une course dense, j'ai réussi à bien me placer au fil de la course. après des années d'expérience sur 800m le 1500m est plus facile de ce côté. Passée en 1'25 aux 500m, 2'50 au 1000m, j'ai réagi un peu tard à l'attaque de l'irlandaise Claire Tarplee et la slovène Marusa Mismas mais je termine deuxième en 4'14"43, en explosant mon record personnel (4'22"07 à l'extérieur en 2010)

Je serai samedi au meeting IAAF de Karlsruhe pour tenter de descendre encore ce chrono. Les minima pour les championnats du Monde de Sopot ont été fixés par la FFA à 4'12"00 et j'espère m'en rappocher.

Quoi qu'il arrive, je reprendrai ensuite le chemin de l'entraînement pour préparer les championnats de France Elite en salle (22 février à Bordeaux)

Les résultats

1 59 Mismas Marusa 1994 SLO AD MASS Ljubljana 4:13,27

2 266 Claude-Boxberger Ophelie 1988 FRA France 4:14,43

3 229 Tarplee Claire 1988 IRL DSD AC 4:14,61

4 449 Courtney Melissa 1993 GBR Team Wales 4:15,71

5 468 Mäki Kristiina 1991 CZE TJ Hvzda Pardubice 4:17,09

6 214 Pierdevara Florina 1990 ROM CSU Craiova 4:17,27

7 304 Nilsson Linn 1990 SWE Hälle IF 4:18,59

8 432 Cole Rowana 1993 GBR Team England 4:23,83

9 418 Jones Montana 1988 GBR Team England 4:24,05

10 260 Berlanda Eleonora 1976 ITA ffoo 4:24,96

Après un nouveau cycle de travail foncier, j'avais coché cette date du 5 janvier pour tenter un gros chrono sur 10km dans le cadre de la Prom'Classic à Nice. Partie un peu timidement, j'ai effectué une belle fin de course pour boucler la distanc een 33'44. Je termine 3ème de la course derrière Sophie Duarte (championne d'Europe de cross il y a un mois) qui remporte la course en 32'21 et Laurance Picoche, 33'30. Non seulement mon record datant de 2010 vole en éclat mais j'améliore d'une minute le record de Franche-Comté de la spécialité.

Ce chrono n'est pas vraiment une surprise au vu des séances réalisées ces dernières semaines, mais valoir un chrono et le réaliser, ce n'est pas la même chose. Je suis d'autant plus satisfaite que les conditions climatiques étaient inquiétantes à quelques minutes du départ (pluie, vent) mais j'ai su rester concentrée et finalement le temps s'est calmé pour la course.

Retour à l'entraînement, toujours focalisée sur cet été.

Prochaines étapes :

- le 28 janvier : meeting de Vienne sur 1500m

- le 1er février : meeting du Luxembourg sur 1500m

Le podium femmes (photo Y-M Quemener VO2)

6 jours après ma victoire à Arnay-le-Duc, mon deuxième test avait lieu à Allonnes. Ce cross international servait de sélection pour les championnats d'Europe de cross.

Avec les favorites pendant le premier tiers de la course, je suis partie sur un rythme un peu trop élevé et je n'ai pas pu résister au retour de mes adversaires, parties plus raisonnablement. Je termine 16ème et 12 ème française à 1'35 de Sophie Duarte, la meilleure tricolore, et à 28" de Christine Bardelle, dernière sélectionnée pour les championnats d'Europe. Ces écarts me permettent d'entrevoir les progrès qu'il me reste logiquement à faire dans ce domaine. Mais j'apprécie également ceux déjà effectués en quelques mois.

Et maintenant place à l'entraînement avec en point de mire les 10km de Nice le 5 janvier, avant d'entamer la saison hivernale, au cours de laquelle je devrais m'aligner sur cross court et 1500m en salle.

Les résultats

1 19'21'' OLJIRA Belaynesc (Eth) ETHIOPIE SEF/90

2 19'31'' DUARTE Sophie Ca Balma 031 PYR SEF/81

3 19'52'' TRABY Laila Martigues Sports Athle 013 PRO SEF/79

4 19'56'' CALVIN Clemence Sco Ste-marguerite Marseille* 013 PRO SEF/90

5 20'01'' SALOME ROCHA Carla (Por) PORTUGAL SEF/90

6 20'08'' PICOCHE Laurane Sco Ste-marguerite Marseille* 013 PRO SEF/85

7 20'15'' PERRAUX Claire Sco Ste-marguerite Marseille* 013 PRO SEF/87

8 20'26'' KOMU Martha Clermont Athletisme Auvergne * 063 AUV SEF/83

9 20'28'' MAIYO Joan (Ken) KENYA SEF/84

10 20'38'' BARDELLE Christine Ales Cevennes Athletisme 030 LAN V1F/74

11 20'48'' BEUVIERE Sandra Efs Reims A. * 051 CHA SEF/90

12 20'48'' WOLDU Mekdes (Eri) Entente Franconville Cesame Va 095 I-F ESF/92

13 20'55'' MEZEGHRANE-SAAD Samira Stade De Vanves 092 I-F SEF/79

14 21'00'' ROCQUAIN Alice Se Pavillons-sous-bois 093 I-F SEF/87

15 21'01'' LEDHEM Fadouwa Plm Conflans 078 I-F SEF/87

16 21'06'' CLAUDE-BOXBERGER Ophelie Montbeliard Belfort Athletisme 090 F-C SEF/88

17 21'07'' CHACHIGNON Mathilde Us Nemours St Pierre Athle 077 I-F SEF/82

18 21'11'' HERBRETEAU-CANTE Corinne As Saint-sylvain D'anjou 049 P-L SEF/76

19 21'13'' PELLEN Maryline Stade Brestois * 029 BRE SEF/81

20 21'15'' PASQUER Delphine Caen Athletic Club 014 B-N SEF/89

21 21'26'' ROSA Analia (Por) PORTUGAL SEF/76

22 21'27'' JAMSIN Lucie Douai-sin A * 059 NPC SEF/89

23 21'42'' GUERIN Aurore Ea Mondeville Herouville* 014 B-N SEF/90

Après 2 mois d'entraînement et un stage de 2 semaines à Ifrane au Maroc, le cross d'Arnay constituait un test dans ma préparation. Pour ma sixième participation consécutive, j'ai effectué une course qui m'a pleinement satisfaite avec la victoire au bout du compte.

J'ai d'autant plus apprécié cette victoire après ces années de présence dans la cité bourguignonne que j'ai battu dans les 500 derniers mètres la double tenante du titre et détentrice du record de l'épreuve, la burundaise Francine Niyonizigiye. Je termine d'ailleurs à 8 petites secondes de son record, ce qui montre la rapidité de cette édition.

Les résultats :

1 18'40'' CLAUDE-BOXBERGER Ophelie Montbeliard Belfort Athletisme 090 F-C SEF/88

2 18'49'' NIYONIZIGIYE Francine (Bdi) As Rispoli Villeurbanne 069 R-A SEF/88

3 18'55'' NIZIGIYIMANA Godelieve (Bdi) As Rispoli Villeurbanne 069 R-A SEF/89

4 19'08'' COULAUD Julie Mulhouse SEF/82

5 19'14'' LEDHEM Fadouwa Plm Conflans 078 I-F SEF/87

6 20'13'' FELIX Fanjanteino Stade Sottevillais 76* 076 H-N SEF/80

7 20'18'' MORVAN Sylvie Ea Le Creusot 071 BOU SEF/78

8 21'05'' MARECHET Camille Lyon Athletisme* 069 R-A SEF/85

9 21'16'' DUBIEF Karelle Ac Chenove 021 BOU SEF/77

10 21'20'' WEBOMBESA Catherine (Uga) As Rispoli Villeurbanne 069 R-A SEF/83

Quelques photos :

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